Annecy: la colère des enseignants d'EPS sur la piscine des Marquisats

Annecy: la colère des enseignants d'EPS sur la piscine des Marquisats
Crédit Photo: Collectif pour la piscine des Marquisats

Le projet de piscine des Marquisats à Annecy faisait l'objet d'une réunion publique ce vendredi

Les enseignants d’EPS du bassin Annécien sont remontés contre ce projet de piscine aux Marquisats souhaité par la municipalité. Un projet qui faisait l’objet d’une réunion publique mercredi soir. Une 50 aine d’entre eux étaient mobilisés pour réclamer une piscine adaptée à l’enseignement de la natation pour les 20 000 élèves d’Annecy. C’était à l’appel de leur syndicat. Les enseignants qui souhaitent que les besoins des élèves soient pris en compte aujourd’hui dans ce nouveau projet. Un nouveau projet qui serait semblable à la précedente piscine, réalisé entièrement en extérieur, avec un bassin nordique chauffé selon la municipalité.

Communiqué de Presse du SNEP-FSU 74

La mairie d'Annecy doit se mouiller pour les élèves de la commune.

Une cinquantaine d'enseignants d'EPS du bassin annécien « nagent » en plein-air pour réclamer une piscine adaptée à l'enseignement de la natation pour les 20 000 élèves d'Annecy.

Nous avons assisté ce mercredi 17 juillet à la réunion publique de la Mairie d'Annecy portant sur le nouveau projet de piscine aux Marquisats. La natation est un sport qui permet la pratique physique à tout âge, en mode compétitif comme en activité d'entretien et qui peut se pratiquer facilement à une seule condition : savoir nager.

Ce savoir est enseigné à l’École, il est même une priorité nationale pour des raisons de sécurité. La France a compté 1300 morts par noyade en 2023. C'est d'ailleurs la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans*.

Depuis la fermeture du bassin des Marquisats, en 2018, les conditions d'enseignement de la natation sont fortement dégradées. Les deux bassins d'Annecy sont insuffisants pour répondre aux besoins des 20 000 élèves de la ville (9 000 écoliers, 4 500 collégiens et 6 500 lycéens).

La construction de cette nouvelle infrastructure sportive soulève de nombreux enjeux : 

-de sécurité : La présence du lac aux portes de la ville nécessite que l'apprentissage du savoir-nager soit acquis par toutes et tous.

-de santé, de bien être et d'inclusion : faciliter la pratique sportive des seniors, des enfants, des personnes en situation de handicap et de tous les publics.

-pédagogiques, scolaires et culturelles : favoriser l'apprentissage des élèves d’Annecy, leur donnant accès à la pratique de l’ensemble des sports nautiques présents autour du lac.

-sportifs :.disposer d'une installation de qualité pour les clubs de natation et de sports nautiques.

-démocratiques : élaborer un processus de décision qui prend en compte les besoins de tous les habitants de la commune nouvelle.

Construite en 1967, à une époque où Annecy comptait 78 000 habitants, la piscine des Marquisats ne saurait être reconstruite sans tenir compte des besoins d'une commune qui a vu s'étendre ses limites géographiques et doubler sa population.

Depuis 2019, les atermoiements du nouveau projet de piscine rendent encore plus pressants les besoins des 20 000 élèves annéciens, du primaire au secondaire. Nous, enseignants d'EPS, considérons qu'il y a urgence à élaborer un projet qui réponde aux besoins de toutes et tous et nous attendons avec impatience l'ouverture de bassins supplémentaires sur l'agglomération pour répondre à la priorité nationale : permettre à tous les élèves d’apprendre à nager.

Une priorité à première vue essentielle qui s’annonce pourtant difficilement envisageable en raison du nouveau projet de la Mairie qui est : un bassin de 50 mètres extérieur chauffé et ouvert toute l'année. En effet, cette nouvelle infrastructure n'offre pas les conditions nécessaires pour l'apprentissage de la natation. Il faut comprendre qu’un élève ne reste pas constamment dans l'eau pour apprendre à nager et qu’il n'est pas capable de nager 45 minutes en continu. De plus, comment transmettre du plaisir et l’envie d’apprendredans une activité lorsque l'on est transis de froid ? Comment peut-on simplement
 apprendre dans ces conditions ? Comment peut-on avoir envie d'en faire une activité pour sa vie future si les souvenirs de l'initiation sont désagréables ?

Un rapport de la cours des comptes de 2018 « piscines et centres aquatiques publics »** précise qu'« une meilleure coordination des acteurs publics dans l’offre de services permet également de mieux valoriser ces équipements et favorise une utilisation plus adaptée par les différents publics » afin d'éviter un déficit d'exploitation.

Le comité de suivi prévu par la Mairie est une initiative intéressante, puisqu’elle souhaite « associer à la définition des besoins et au suivi, les professionnels de la natation et lesusagers de 1er plan » selon Mme Allard. Mais dans les faits, sa composition n'est pas représentative des futurs utilisateurs : la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN) n'y a pas été intégrée. Pourtant, il faut noter que le public scolaire est bien un usager de 1er plan et les enseignants d'EPS sont des professionnels de la natation.

Si les scolaires ne peuvent utiliser que partiellement cette installation, ce serait un manque à gagner important pour la Mairie puisque le Conseil Départemental et le Conseil Régional financent la fréquentation des collégiens et des lycéens. Cela serait surtout fortement dommageable pour tous les élèves qui grâce à leurs apprentissages pourraient devenir les futurs nageurs du bassin d'Annecy.

Mme Allard a publiquement accepté d'intégrer l’Éducation Nationale au comité de suivi.Nous attendons que cette promesse soit suivie d'effets et que la concertation tiennecompte des besoins de tous les usagers de la commune nouvelle, au nom de l'intérêt général.